Breteaux[1], où elle méditait quelque entreprise. La ville a été remplie de gens en armes et la paix universellement troublée.
Adieu, je vous recommande notre affaire et j’attends de vos nouvelles avec empressement.
Mais c’est fort laid que de se tuer[3] ; cela n’est pas chrétien : ains fort cruel et très sot. Dieu leur fasse paix et te préserve de mauvaises rencontres ; ainsi soit-il ! En vérité, je n’aimerais point à te voir dans cette ville, si la rumeur n’était apaisée ; on a beau s’écarter de la bagarre, on peut s’en trouver investi, et une pierre comme une balle à fusil blesse aussi bien un honnête homme qu’un séditieux.
Je t’envoie une belle lettre ministérielle sur de petites choses ; l’enveloppe était, je crois, tombée dans un pot de miel à la poste ; les oracles s’en trouvent tachés, et c’est tout ce que j’y ai vu de remarquable.
Idem, une épître à laquelle seul tu peux répondre ; j’ai cru reconnaître, à la description, la machine à carder le coton ; j’ai été voir la planche de l’Art, et je n’y ai reconnu qu’une grande analogie.
J’ai peur que notre ami[4] ne s’engoue pour quelque mauvaise entreprise, comme il s’était engoué de la défense des cadets ; plaise au ciel qu’il ne jette pas sa légitime au vent, car il finirait par se déménager de ce monde dans quelque accès de noir.
Je fais à d’Antic l’expédition des deux tableaux et notices que j’ai
- ↑ Les Brotteaux, la grande plaine qui s’étend à l’est de Lyon, au nord de la Guillotière, sur la rive gauche du Rhône. C’était alors un terrain d’îles, de graviers et d’oseraies, avec des guinguettes ; c’est aujourd’hui, surtout depuis quarante ans, un des plus beaux quartiers de la ville. — Le peuple prononce comme écrivait Madame Roland « les Breteaux ».
- ↑ Ms. 6239, fol. 179-180.
- ↑ Voir la lettre précédente.
- ↑ Lanthenas.