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[À BOSC, À PARIS[1].]
10 août 1786, — [de Villefranche].

Vous rendrez un bien grand service à notre ami, si vous pouvez lui procurer des renseignements sur cette partie ; ne négligez rien pour cela. Je vous envoie deux notices de questions avec leur tableau correspondant. Des objets qui restent à traiter, c’est celui peut-être sur lequel nous avons le moins de matériaux ; je livre le tout au zèle de votre amitié.

J’ai reçu les planches[2] que vous avez envoyées ; elles feront grand plaisir à cause de l’ouvrage, et de l’auteur, et de ce qui y tient.

Je vous ai mandé que mon ami est à Lyon ; il y a eu révolte, dans cette ville[3], des ouvriers contre les marchands, dont ils voulaient obtenir une augmentation de façons. Les pierres, d’une part, les sabres et fusils de celle de la garde, ont été leur train ; il y a eu vingt blessés et environ quatre personnes de tuées.

La première rumeur eut lieu contre l’archevêque, qui voulut faire rigoureusement exercer un ancien droit sur les marchans de vin, ceux-ci fermèrent leurs cabarets ; les ouvriers, réduits à aller boire dans les faubourgs, s’y sont attroupés ; de là les mécontentements, les projets séditieux et les démarches en conséquence.

Cinq comtes de Saint-Jean[4] ont fait les négociateurs, ont apaisé les esprits et ramené en ville une troupe considérable, réfugiée aux

  1. Collection Alfred Morrison, 2 fol.
  2. Des planches qui accompagnaient les œuvres de Bosc d’Antic, le père, Mémoires sur la verrerie, etc. Paris, 1780, 2 vol. in-12.
  3. Voir Péricaud, Table chron. : 7-10 août 1786, révolte des ouvriers de la soie et des ouvriers chapeliers, pour obtenir, les uns l’augmentation du prix des façons, les autres celle du prix des journées. Les 11 et 12 août, il y eut trois exécutions. Une amnistie royale, en septembre, arrêta les autres poursuites.

    L’origine du soulèvement avait été en effet, l’exercice trop rigoureux d’un étrange droit fiscal de l’archevêque Malvin de Montazet.

  4. Voir note de la lettre du 19 août 1785.