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politiques. Son petit mot de ce genre, dans la lettre de mon bon ami, ma servi de texte pour un après-souper.

Si vous étiez aimable, vous me donneriez aussi quelque plat de ce goût ; mais je crois que vous bâillez autant que moi quand il est question de gazettes : la différence qu’il y a entre nous, c’est que je me contrains souvent jusqu’à en causer, sans me douter pour cela de ce que je dis.

Adieu ; dites à Lanthenas… Mais non, ne lui dites rien ; s’il veut qu’on lui adresse de jolies choses, qu’il se les fasse dire. Je commence pourtant à lui trouver du plomb dans la cervelle, depuis qu’il entend quelque chose à la finance.

Bonjour, salut et joie.


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[À ROLAND, À LYON[1].]
Samedi, 13 janvier 1787, [de Villefranche].

Je me dois bien, autant qu’à toi-même, un dédommagement à la brièveté avec laquelle je t’ai écrit hier quelques bredouilles. Ce ne sera pas pour éclaircir l’histoire dorée, car quoique tu te dises à demi vendu, je n’y entends pas mieux finesse et je ne suis toujours que la grosse bête. Ce qui n’empêche point que les abbés n’aient leur mérite ; mais la trempe douce et l’esprit coquet de M. Pzt [Pezant] ont bien aussi le leur. Cependant, s’il venait tous les jours de courrier et qu’il ne se modelât pas sur la discrétion du Doyen, qui se sauve dès qu’il voit ton paquet, il faudrait bien lui dire que j’aime à écrire longuement à mon mari. Hier devait être jour de grâce pour lui : il avait été malade, et je ne l’avais pas vu depuis les fêtes de Noël.

Je suis très flattée de l’intention de M. de Landine[2] ; je l’étais en

  1. Ms. 6239, fol. 194-197.
  2. Antoine-François Delandine (1756-1820). Il était, en 1786, directeur de l’Académie de Lyon. Les Observations qu’il venait d’envoyer à Madame Roland sont ses « Observations sur les romans et en particulier sur ceux de Mme  de Tencin. », qu’il avait dû lire à une séance publique de l’Académie, et