Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/758

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recevant ses Observations, je le suis bien plus depuis que je les ai lues. Elles offrent un mélange de justesse et de sensibilité qui ne vont pas toujours ensemble, et elles sont écrites avec autant de politesse d’esprit que de pureté de langage. Je voudrais les avoir faites, parce que j’y trouve le genre d’esprit qui me plaît, le faire gracieux, la touche facile et délicate qui plaisent dans l’homme du monde, qu’on est quelquefois réduit à désirer dans l’homme de lettres, et qui siéent si bien aux femmes.

C’est un joli petit tribut académique dont la lecture doit avoir fait grand plaisir à la séance publique. J’aime bien ce tableau de l’âme sensible et innocente dans la retraite du cloître, la peinture des effets de la solitude sur le caractère et les passions, celle du bonheur qu’assurent l’étude et les lettres, et l’apostrophe vigoureuse aux auteurs courtisans. Il y a de la philosophie et du sentiment, et beaucoup d’art à exprimer d’une manière attachante des vérités connues.

Je t’assure que, quand tu auras fini tes Arts, tes sciences et tout leur attirail, je me jette à corps perdu dans la littérature et je t’y entraîne avec moi[1].

J’ai par-dessus la tête de la métaphysique et de ses billevisées, dont je me suis gorgée à l’âge où d’autres se rassasient de romans ; je ne me soucie des sciences que des différentes branches de l’histoire na-

    qu’il avait mises en tête des Œuvres de Madame de Tencin, 1786, 7 vol., in-16. — On verra plus loin que les relations entre M. et Mme Delandine et les Roland devinrent très suivies. Il fit paraître, en 1787 et 1788, à Lyon, une sorte de Magazine intitulé : Le Conservateur, et y imprima, au tome II de 1788 : 1° une partie du Voyage en Suisse de Madame Roland (p. 14-95) ; 2° le discours de Roland sur « Un des moyens de connaître les femmes » (p. 247-256).


    Il fut député du Forez au États généraux, et nous le retrouverons en 1791 en bons rapports avec les Roland. Arrêté dans le Forez et emprisonné à Lyon, au Récluses, en 1793, il publie en 1797 son Tableau des prisons de Lyon, où il y a plus de phrases que de faits.

    Polygraphe et bibliographe, il est assurément le plus fécond des écrivains lyonnais.

    Sa femme était fille de Péronnet de Gravagneux, avocat et notaire à Lyon (Catal. des Lyonnais dignes de mémoires. etc., art. Péronnet).

  1. Voir lettre du 21 mars 1789 à Varenne de Fenille.