voulu danser. J’étais allée à plus de dix heures, à cause de Mme Phelippe[1] dont la bande n’avait pas été prête plus tôt. La fête était jolie ; mais il, y manquait un peu de cavaliers, ce qui rendait l’ensemble languissant.
J’ai fait mes visites. Aujourd’hui, j’ai remué la bibliothèque pour faire celle de la campagne ; j’emporte plus de cent volumes, et je n’ai pas laissé un seul vide. Je suis habile comme tu vois : aussi ai-je bien sué. Belle preuve, n’est-ce pas ? Je suis après les balles ; le doyen m’a interrompue pour me remettre mon « Voyage d’Angleterre[2] » et causer près d’une heure ; je jurais de ne me déranger pour personne autre, Mme de Longchamps m’a prise sur l’escalier ; il est près de huit heures, je ne suis qu’à moitié, et la voiture vient demain.
Tu as mal à la tête, toi, d’où vient cela ? Je joins ici une lettre que j’ai reçue avec la tienne, et une que me remet le frère, qui vient d’arriver.
Je reviendrai, causer avec toi vendredi ; il faut finir aujourd’hui pour mes tracas de ménage. Eudora reprend un peu.
N’oublie pas de payer à Chev[andier] une pièce ou plutôt demi-pièce de bordure pour la chambre du troisième ici. Je dois à Mme Chevandier six livres-poids de chocolat et des franges ; si tu veux et peux m’acquitter, je te remettrai ensuite. Va voir le docteur Morel[3] ; il sera flatté de ta visite et elle serait convenable à cause de ses bons procédés.
Est-ce que Vill[ers] et Cast[illon] auraient besoin de toi pour quelque projet ou cabale académique ? ou serait-ce le besoin de la nouveauté qui leur ferait changer d’allure ? Je n’y vois pas encore bien clair.
La colère de Frossd [Frossard] est plaisante ; il croit que des Caladois se mènent à la Suisse : il lui manque de la connaissance du monde.
- ↑ Phelipe, receveur de la direction des Aides à Villefranche (Alm. de Lyon, 1787, article Villefranche).
- ↑ Son Voyage en Angleterre, qu’ell avait rédigé (voir lettre du 13 août 1784) et que Champagneux a imprimé dans son édition (t. III, p. 210-285).
- ↑ Voir sur Morel la lettre du 23 novembre 1785. — Il semble que ce médecin, qui était « associé du collège des médecins de Lyon », fut retourné dans cette ville. Cependant il continué, dans les Almanach de Lyon, à figurer comme médecin à Villefranche.