Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/785

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n’ai pu me trouver en tête-à-tête avec le frère que tout au soir, et nous y sommes demeurés jusqu’au souper. Tu juges que ce n’a pas été sans longues explications, que je ne pourrais rendre ; mais, pour résumer, il veut se débarrasser de la campagne, ou du moins trancher sur cet article et s’en démettre sans partage ; un arrangement qui lui ferait garder une partie en laissant l’autre lui semble impraticable, à cause du conflit des autorités et de la différence des manières de voir. Je lui ai dit que tout irait à merveille s’il ajoutait à la cession du Clos cinquante louis par année pour aider au soutien des charges. Il a observé qu’il ne le pouvait pas, en calculant ce qu’il avait a payer et ce qu’il voulait éteindre ; mais il est convenu de payer le domestique de sa mère, d’évaluer leur dépense avec la sienne et d’en tenir compte. Je voulais le mot juste du quantum, mais j’ai senti qu’il voulait examiner avec lui-même avant de le prononcer, et que je ne pourrais l’obtenir aujourd’hui sans presser d’une façon désobligeante ; au reste, j’ai entrevu qu’il avait probablement l’idée de porter cela à…[1] louis. Je le présume d’autant plus qu’il a exprimé, dans une autre circonstance, le projet d’abandonner la maison, peut-être au renouvellement du bail[2]. Mais enfin, il payera une somme annuelle, comme pour tenir lieu de pension ou d’indemnité, voilà ce qui est clair. D’ailleurs, tout sera mis au courant et payé, ou à son compte, jusqu’au moment où tu entrerais en possession. Il n’a point dégarni les celliers et il lui reste la provision d’environ trois ans. Je te donnerai de vive voix les détails de cette causerie. Tu sens que tout cela est subordonné au dernier mot éntre nous tous, et qui se dira en commun, ainsi que tu l’as annoncé.

Il faudra renvoyer le cheval et l’homme, car le frère compte partir jeudi matin ; je t’attends au soir ou le lendemain, et je suis bien empressée de te voir pour le bonheur d’être ensemble et de causer de ce qui nous intéresse. Ce mauvais temps m’afflige ; il t’oblige à te casaner,

    à la Cour des monnaies de Lyon, seigneur de Theizé (Almanach de Lyon, 1785, p. 147 et 169), et par conséquent très proche voisin du clos.

  1. Déchirure du papier.
  2. Ceci doit s’entendre du bail des locataires, car la maison était la propriété des Roland.