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[À BOSC, À PARIS[1].]
Lundi, 7 avril [1788, — de Villefranche].

Vous jugerez aisément, mon ami, que je n’avais pas reçu votre petit mot du 4, lorsque je vous ai écrit la ci-jointe. N’y prenez donc que ce qui est bon dans tous les moments, et glissez sur les demi-plaisanteries dont je cherchais à vous agacer pour vous faire rompre le silence.

J’ai été on ne peut plus sensible à votre signe d’amitié, et il m’a fait juger que je vous conservais plus d’attachement que je ne vous disais et que je ne le croyais. Dites-nous donc quels sont vos sujets de chagrins ; personne ne les partagera mieux que nous. J’ai bien pris mon parti actuellement sur les inquiétudes de la place ; dès que la santé de mon mari m’en donne, je sens qu’en comparaison de cet objet, tout autre n’est rien.

Il est mieux depuis qu’il est à Lyon ; mais l’estomac s’affaiblit du moment où il se tient avec quelque assiduité au cabinet. Ainsi tous mes soins se dirigent à rendre le travail encyclopédique le plus long possible, à force de modération et d’intervalles, et à en partager tout ce que je puis.


295

[À BOSC, À PARIS[2].]
21 avril [1788, — de Villefranche].

Nous avons reçu votre causerie avec le plus grand plaisir et l’attendrissement de l’amitié ; je n’ai pas eu besoin d’être au Clos pour la goûter, vous l’avez dictée dans un moment où vous n’aviez pas besoin de l’indulgence de vos amis, et où ils vous reconnaissent tel qu’ils aiment à vous trouver. Vous voyez des malheureux, vous travaillez à les consoler, c’est un des moyens les plus efficaces de conserver et d’augmenter la bonté native.

  1. Bosc, IV, 133 ; Dauban, II, 564. Comme on le voit par les premières lignes, cette lettre n’est qu’un post-scriptum de la précédente et a été envoyé par le même courrier.
  2. Bosc, IV, 123 ; Dauban, II, 564.