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infini, pas même du chanoine. Je crois bien que ses yeux et ses jambes ont terriblement à s’exercer ; mais encore ne doit-on pas laisser mourir les gens sans confession. Il y a un mois que je me porte assez mal ; voilà quinze jours que je n’ai pas quitté le coin de mon feu et que j’ai renouvelé connaissance avec les émétiques, médecines et autres gentillesses de la pharmacie. Mais peut-on parler de ses misères particulières, quand il y en a de publique[1] ? Distribuez nos amitiés, rappelez-nous au souvenir des vivants et aimons-nous toujours ; car il n’y a plus que cela dans ce monde pour les honnêtes gens.


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À MADAME DE LANDINE, À L’HÔTEL DE VILLE, À PARIS[2].
[ ? mai 1788, — du Clos.]

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lettre, Madame, m’a fait le plus grand plaisir, à un article près, el c’est de celui-là dont je me propose de vous entretenir, car je ne veux rien avoir sur le cœur avec vous ou les vôtres. Qu’un secret demi-gardé soit

    …J n’ai pas le temps d’écrire à Lanthenas ; point d’autre nouvelle du frère. Ma moitié est malade, et cela m’inquiète… Le sec désole nos campagnes et la misère nous talonne. »

  1. La Révolution commençait. Le Parlement de Paris avait engagé la lutte contre Brienne ; l’arrestation de d’Éprémesnil et de Goislard est du 6 mai ; le lit de justice créant les grands baillages, mutilant le Parlement et transférant l’enregistrement des édits à une cour plénière est du 8 mai.
  2. Ms. 9533, fol. 196-197. — La lettre étant coupée par le haut, il en manque quelques lignes, dont la date. Mais cette date nous est donnée approximativement par la lettre suivante : « Une femme de Lyon m’a trahie, cet… »

    Sur Mme de Landine ou Delandine, voir la lettre du 13 janvier 1787.

    Comme on le verra par la lettre suivante, Madame Roland avait communiqué à Delandine la relation de son Voyage en Suisse, et Delandine s’était avisé de l’imprimer dans le Conservateur, sorte de petit magazine qu’il avait fondé à Lyon et qui n’eut que deux années d’existence.

    À la juste plainte de Madame Roland, Mme Delandine répondit par une lettre qui se trouve aux Papiers Roland (ms. 6241, fol. 293-294, s.d.), en promettant « un carton qui supprimera noms et indices ». Delandine tint parole, et il n’y a rien, au tome II du Conservateur de 1788 (p. 14-95, contenant la première partie de la relation), qui puisse déceler l’auteur.