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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/854

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pour les goûter ! Voilà, monsieur l’élégant, mes occupations présentes ; du reste, on vendange à force, et bientôt ce ne sera plus que dans les armoires de la ménagère, ou dans les caves du maître, qu’on retrouvera du raisin et de son jus délicieux. Celui de cette année sera très bon ; mais nous en avons peu, à cause de la petite visite que la grêle nous a faite, honneur dont on conserve toujours un cher et long souvenir.

Pourquoi donc ne nous écrivez-vous plus, vous qui n’avez pas de vendanges à faire ? Est-ce qu’il y a au monde d’autre occupation que celle-là ?

Mais vous politiquez à perte de vue et vous épuisez en dissertations sur le bien à faire, qui ne s’exécutera jamais. Que devient M. Necker[1] ? On dit qu’il a un terrible parti contre lui. Et le grand diable d’archevêque[2] ? On le disait parti pour Rome ; maintenant on débite qu’il est gardé à vue.

Dieu fasse paix aux bons et anéantisse les méchants ! Ressouvenez-vous encore un peu de vos amis du bout du monde, qui ne vous oublient pas et qui vous embrassent sans façon, excepté Eudora qui pourrait déjà s’en défendre.]

Ce n’est qu’en reprenant économiquement votre enveloppe pour vous la renvoyer, que nous trouvons le petit mot que vous aviez ajouté aux lettres de l’ami Lanthenas.

L’expédition des gravures nous fait grand plaisir, mais nous ne demandons rien autre de Paris ; il faut trop d’argent pour tout ce qui se tire de ce pays, et nous avons plus de carottes que de louis d’or.

    pour voir ce qu’il faut 1788. C’est bien, du reste, dans la série des lettres de 1788 que Bosc l’a placée. Mais il y a soudé un long fragment d’une autre lettre antérieure, que nous avons transporté à l’endroit qui lui convient (lettre 301). Dans l’angle de gauche, il y a : M. d’Antic.

  1. Necker était redevenu contrôleur général le 25 août 1788. — Roland écrivait, le 5 septembre (coll. Morrison) : « Est-il vrai que le nouveau ne fera pas pis que l’ancien ; mais fera-t-il bien ? C’est encore un problème à résoudre : j’ai bien des données, peut-être différentes de celles de bien d’autres ; attendons. Mais, en attendant, que deviendrons-nous ?… »
  2. Loménie de Brienne était, en effet, parti pour l’Italie.