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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/877

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Adieu. Demandez-moi donc des renseignements de gens dont j’aie du bien à vous dire ; vous me donnez envie de relire Juvénal et me faites craindre de prendre son esprit.

Avez-vous reçu et fait passer les sommaires ? Cela nous tient au cœur, dites-mois-en un mot.


321

[À BOSC, À PARIS[1].]
Mercredi, 9 juin 1789, — [du Lyon].

Ma situation est affreuse ; nous avons ensemble fluxion de poitrine et fièvre bilieuse putride[2].

Je savoure à longs traits la perte de ce que j’ai de plus cher au monde ; et le sourire sur les lèvres, la mort dans mon cœur, je donne tout le jour des espérances que je n’ai plus. Plaignez-moi ; pleurez pour moi, car bientôt ma douleur ne connaîtra plus les larmes.

J’écris à Lanthenas comme à vous, partagez cette lettre avec lui.

J’ai reçu les souscriptions[3].

  1. Collection Alfred Morrison, 1 folio. Au-dessous de la date, il y a ajouté : « ce 14 juin »
  2. Roland écrit, dans son Dictionnaire des manufactures (t. II, 2e partie, Supplément, p. 144) : « J’échappe d’une maladie qui m’a tenu 75 jours au lit, sans pouvoir en sortir une heure. Durant les 21 premiers jours, je n’ai guère passé d’instant où le danger ne fût imminent et ne fût jugé tel par les médecins… » Cette 2e partie du tome II, formant la 36e livraison de l’Encyclopédie méthodique, parut le 21 décembre 1789 (Avertissement de l’éditeur Panckoucke à la fin du tome III). On peut donc calculer que la maladie de Roland, si elle se déclara dans les premiers jours de juin 1789, ainsi qu’on le voit par cette lettre, prit fin dans la seconde quinzaine d’août. Mais, dès la fin de juin, le danger était passé, et il semble que, durant les mois de juillet et août, Roland n’ait plus eu affaire qu’à un état de maladie qui, tout en l’obligeant à garder la chambre ou le lit, ne l’empêchait pas de travailler, d’écrire, etc.

    Cet état se prolongea d’ailleurs. Le 7 octobre, Roland écrit à Bosc (coll. Morrison) : « huit jours à ce dernier point… et je reste toujours sur le grabat ». Et le 11 octobre (ibid) : « Grabataire depuis quatre mois et demi… », ce qui fixe bien le début de la maladie aux premiers jours de juin, au moment de cette lettre.

  3. Probablement pour le Patriote français.