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Punir de mort, dans tel cas d’attroupements, est inutile pour prévenir des complots d’hommes puissants, dont la cabale n’agirait qu’à force ouverte et se mettrait au-dessus de la loi ; et c’est cruel dans un temps d’orage où le peuple n’a souvent que ce moyen pour faire échouer une trahison.

Ce Mirabeau est un génie que j’admire et que je crains ; il a soutenu dans deux circonstances de si mauvais principes, par de si mauvaises raisons, que depuis cette époque il m’inspire de la méfiance : voyez son avis pour le veto, principalement[1].

On dit qu’on imprime et qu’on va publier la suite des Confessions de Jean-Jacques. Est-ce vrai ? En avez-vous entendu parler[2] ?

Réponse, si vous le pouvez, à mes divers articles, et toujours bonne amitié. Adieu.


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[À BOSC, À PARIS[3].]
27 octobre 1789, — de Lyon.

On vous fait certainement des contes sur les provinces, comme on nous en fait sur la capitale. Je ne vous ai pas parlé du mouvement de Vienne, parce que je n’en ai pas tenu grand compte. Les bourgeois et le peuple étaient contents d’un régiment qu’on leur ôtait et ne voulaient pas d’un autre qui venait le remplacer ; des mutins se sont assemblés, il y a eu un coup de fusil de tiré ; il menaçait le colonel, M. de Damas, et l’aurait atteint sans le dévouement d’un soldat qui a paré le coup et qui l’a reçu à l’épaule. Cette circonstance intéressante a seule mérité

  1. Les soupçons de Madame Roland devancent le moment (mai 1790) où Mirabeau traita avec la cour.
  2. La dernière partie des Confessions venait en effet de paraître en 2 volumes in-8o (voir Correspondance littéraire, novembre 1789, t. XV, p. 542. de l’édition Maurice Tourneux), et Roland écrivait à Bosc de Villefranche, le 26 novembre 1789 (coll. Morrison) :

    « Plein des Confessions de J.-J. que je viens de dévorer, je ne veux vous parler de rien autre aujourd’hui…

  3. Collection Alfred Morrison, 2 folio