saires des sections ; vous les avez accusés d’avoir décidé l’abolition des octrois, en agissant comme des législateurs au petit pied…
Vous paraissez avoir oublié que la conduite d’un peuple qui réclame contre des maux dont il sent la douleur est toujours envenimée ; que ceux qui sont en place, dans ces moments difficiles, ne manquent pas de cacher leur imprévoyance, leur maladresse ou leur mauvaise foi sous des récits inexacts, et à la charge de ce peuple qu’ils n’ont su ou voulu éclairer.
Vous avez perdu de vue que l’exagération des torts aigrit les coupables, loin de les ramener ; que, dans le fait, le peuple n’agit jamais mal que par ignorance ; que son intérêt est toujours juste, parce qu’il est celui du plus grand nombre ; qu’ainsi on doit le prêcher quand il s’égare, mais non le blâmer légèrement, surtout lorsqu’il souffre ; qu’au contraire les hommes en place doivent être rigoureusement rappelés à leurs devoirs, parce qu’ils [sont] également inexcusables de ne pas les connaître ou de les négliger ; qu’enfin on n’inspire pas de la confiance au peuple en lui disant qu’il la doit à ses magistrats, s’il les voit ineptes ou inconséquents, mais en surveillant tellement leur conduite que le peuple sente qu’ils seront forcés d’en avoir une ferme et sage.
Il n’est pas encore évident que le peuple de Lyon ait rien brûlé aux barrières dans cette circonstance ; les uns m’ont assuré que cela n’était pas, les autres sont convenus qu’ils n’en avaient rien vu ; et, si près du lieu, je n’ai pu tirer cela au clair, comment le sauriez-vous à cent lieues ? Le Courrier de Lyon lui-même n’en a rien dit. Ce qui est assuré, c’est que le peuple, affaissé sous le joug insupportable d’octrois excessifs, qui le réduisent à la misère, qui ruinent les fabriques et mettent la main-d’œuvre à un taux d’où il résulte que ses productions ne peuvent plus soutenir la concurrence avec celles des étrangers ; il est assuré, dis-je, qu’il a fait entendre ses clameurs et qu’il s’est attroupé pour les rendre plus imposantes.
J’arrête ici et j’observe que, depuis nombre d’années, on gémit de l’excès des octrois, du dépérissement des fabriques lyonnaise, et l’on