convient généralement de la nécessité absolue de les modérer dans cette ville. On espérait du nouveau régime une prompte action à cet égard : c’était effectivement l’un des premiers devoirs de la municipalité. Si elle se fût seulement occupée de cet objet, comme l’opinion et le vœu publics lui en faisaient la loi, le peuple eût pris patience, car il tolère des maux dont il voit qu’on travaille à le soulager.
Un projet de diminution avec un remplacement, facile à faire pour une partie, présenté à l’Assemblée nationale par une municipalité active, capable et bienveillante : voilà ce qui eût probablement prévenu la crise.
Revenons au faits : le peuple lassé, impatienté, souffrant toujours et ne partageant point dans ces murs où le retient l’industrie, seul moyen de satisfaire à ses premiers besoins, les bienfaits que la Constitution commence déjà à faire goûter aux campagnes par l’imposition des privilégiés, etc…, le peuple se plaint hautement ; ses cris et son attroupement effrayent les commis et leurs chefs ; tout disparaît. La municipalité convoque les assemblées primaires ; elles se tiennent, nomment des commissaires pour examiner la question.
Vous conviendrez que ce peuple, qui, perdant espérance en ses magistrats peu actifs, se confie à des commissaires régulièrement choisis suivant ses vues, peut être à plaindre, mais n’est point à blâmer de n’en savoir pas davantage.
Ces commissaires ne décrètent point, comme vous l’avez dit en les tançant vertement ; ils ont fait un arrêté sur la nécessité de supprimer les octrois. S’ils avaient été plus instruits, ils auraient fait sentir au peuple la nécessité de le soumettre à l’Assemblée nationale : ils crurent qu’il suffisait de le soumettre à la municipalité.
C’était donc à cette dernière de joindre ses instances à cet arrêté, soutenant l’espoir du peuple en même temps que sa soumission, d’envoyer le tout à l’Assemblée. Mais elle commence par déclarer solennellement l’abolition des octrois ; la déclaration se fait avec éclat : voilà le pauvre peuple confirmé dans la croyance qu’elle a ce pouvoir ; il se livre à la joie et reconduit le maire en triomphe.