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vont ainsi que pour rentrer lors de l’invasion, si elle a lieu. Je crois bien qu’il est temps de polir ses armes et de se tenir tout prêts.

Le manifeste dont je parlais à Bosc dans ma dernière n’est-il qu’un rêve ? il faudrait pousser à le faire réaliser ; son effet serait admirable.

J’aime ces mouchoirs imprimés en Déclaration des droits ; c’est une heureuse idée qui peut beaucoup contribuer à propager la bonne doctrine. On aura beau faire, on répandra du sang, mais on ne rétablira pas la tyrannie ; son trône de fer ébranlé dans toute l’Europe, et les efforts des potentats ne feront qu’en accélérer la ruine. Qu’il tombe ! Lors même que nous devrions rester sous ses débris, une génération nouvelle s’élèvera pour jouir de la liberté que nous lui aurons assurée et pour bénir nos efforts.

Adieu, cher et digne ami ; j’attends toujours l’heureuse nouvelle du voyage.


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À LANTHENAS, [À PARIS[1].]
18 août 1790, — [du Clos].

J’ai écrit à M. Pigott, à Lyon et à Genève, je lui ai tracé votre marche, déduit vos raisons, et j’ai ajouté tout ce que j’ai cru capable de lui faire plaisir ainsi qu’à vous. Je l’ai prié de m’indiquer le lieu actuel de sa résidence, en observant que, dès votre arrivée, vous auriez soin de le prévenir et que je m’empresserais d’y joindre mes invitations à choisir notre solitude pour le lieu de vos conférences, etc.

De cette manière, vous êtes en règle à son égard ; nous l’aurons quand nous voudrons, et nous mettrons le temps à tout, comme il convient à chacun.

Votre adresse[2] est bien longue en chemin ; je crois maintenant que c’est contre votre voyage qu’il y a conjuration ; exorcisez-moi tous ces diablotins qui viennent à la traverse, et arrivez donc.

    L’Assemblée. — Pour Montlosier, son émigration n’était encore qu’une fausse nouvelle. Il n’émigra qu’en 1791.

  1. Lettres à Bancal, p. 62 ; — ms. 6534, fol. 41.
  2. L’Adresse à l’Assemblé nationale, rédigée par Lanthenas, pour l’abolition du privilège des aînés. Lanthenas avait fondé, pour soutenir ce principe de droit nouveau, une société des Amis de l’union et de l’égalité dans les familles (Voir Patriote de 14 et 20 juillet et du 14 août 1790.)