cueillies, les soleils et une partie des pommes le sont également. Tout va et bon train ; ça ira, ça ira, comme à la Fédération.
Tu as grand tort de t’ennuyer à faire des juges en ville : jamais notre jardin ne fut si frais et si riche, la campagne est charmante. On a fini le travail des gouttières de l’eau des serres. Quant à la lapinière, nous avons mieux à songer pour le présent, il faut prendre patience. Demain, après la messe, nous tirons la première cuvée d’Antoine. Le vin est cher et sera bon.
J’ai vu le vicaire[1]. Je l’ai lutiné sur la Déclaration des droits ; il s’est excusé sur son curé. Je lui ai dit qu’ils étaient tous prêtres par un coin, qu’ils manquaient de franchise et ne secondaient pas de leurs forces une constitution par laquelle ils craignent de perdre de leur vieil ascendant. Beaucoup de mauvaises phrases et pas une bonne raison, voilà ce que j’en ai tiré en lui débitant de bonnes vérités.
Ta fille te répond ; elle s’arrange fort bien des tracas champêtres qui ne ressemblent point à un travail suivi et dont elle ne prend que pour se divertir. La pluie m’a trop fait perdre l’idée de mes raisins au four ; ils sont excellents au goût, mais durs et secs comme des pruneaux.
J’écris à Mme de Gomiecourt[2], par d’Antic. Je ne dors point à l’ouvrage et ne m’en trouve pas plus mal. Cependant je me sens la tentation de reprendre le lait et de boire de l’eau, et je crois que ce désir tient à un besoin que la rougeur de mon visage décèle. Mille amitiés au fidèle Achate. Je t’embrasse de tout mon cœur.
J’ai reçu hier, bon et digne ami, votre lettre du 5 expédiée par Paris ; vous aurez eu maintenant de nos nouvelles, et par l’ami Lanthenas qui vous a