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Page:Rolland - Au-dessus de la mêlée.djvu/117

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POUR L’EUROPE : UN APPEL DE LA HOLLANDE

guerre s’ajoutera encore ce malheur déplorable que la coopération des nations, désormais ennemies, sera entravée, sinon rendue impossible pour longtemps, dans les arts, dans les sciences, dans tous les travaux de la paix. Et pourtant, après cette guerre, il faudra bien que le temps vienne où les peuples devront reprendre leurs relations tant sociales qu’intellectuelles. — Moins on aura proféré d’accusations violentes de part et d’autre, moins on aura flétri le caractère d’un autre peuple, moins on aura suscité d’animosité persistante, et plus il sera facile de renouer plus tard les fils rompus des relations internationales. Mais qui soulève la haine, qui, en paroles ou en écrits, invective l’adversaire et déchaîne les passions nationales, est responsable de la prolongation de cette guerre affreuse.

« C’est pourquoi les soussignés font appel à tous, surtout à ceux qui appartiennent aux peuples belligérants, pour qu’ils s’abstiennent, en paroles et en écrits, de tout ce qui peut exciter une haine permanente. Ils adressent cet appel en premier lieu à ceux qui ont la charge de diriger l’opinion publique dans leur patrie, aux hommes de science et d’art, à ceux qui depuis longtemps savent que, dans tous les pays civilisés, il est des hommes qui ne pensent pas autrement qu’eux sur la morale et sur le droit. Puissent les guides de toutes les nations,