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NOTRE PROCHAIN, L’ENNEMI

des étrangers aux prises avec des difficultés, en Allemagne. Des efforts comme les nôtres sont aussi impopulaires dans notre pays que dans les autres pays. En un temps où le peuple allemand tout entier fait corps contre l’ennemi, il paraît à beaucoup superflu de rendre à ceux qui appartiennent aux États ennemis plus que les services de droit strict auxquels on est tenu. Mais ce n’est pas seulement la pensée des nôtres à l’étranger qui nous pousse à cette œuvre, c’est notre propre désir de rendre des services d’amis (Freundendienste) à ceux qui, sans leur faute, souffrent des suites de la guerre. Même en ces temps de guerre, il est notre prochain, quiconque a besoin de notre secours ; et l’amour de l’ennemi (Feindesliebe) reste le signe de reconnaissance entre ceux qui gardent leur foi dans le Seigneur…

« Nous avons pu rassurer des familles allemandes sur le sort de leurs membres en pays ennemi, et donner en retour à des étrangers la certitude que les leurs, dans notre pays, s’ils ont besoin de secours, en peuvent trouver auprès de nous. Nous avons pu rendre les services du prochain (Nœchstendienste) à d’innocents ennemis, en qui nous voyons des frères et des sœurs d’humanité… Au-dessus et au delà de l’aide pratique que nous pouvons donner, ce nous est une consolation et un réconfort de pouvoir librement prêter l’oreille, même en une pareille époque, à la voix de l’humanité