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AU-DESSUS DE LA MÊLÉE

et de l’amour du prochain. Le tragique qui de tous côtés déborde sur la terre, qui remplit tout notre être d’un respect religieux devant la souffrance humaine, mais aussi d’un amour agissant et d’un besoin de se donner, élargit nos âmes et n’y laisse plus de place qu’à des sentiments d’affirmation et d’action bienfaisante.

« Notre soif de venir en aide et d’adoucir les peines ne connaît pas de frontières. Oui, ce besoin jaillit avec plus de force, là où nous retrouvons dans la souffrance la plus étrangère les traits de notre propre souffrance. Ce qui unit les hommes touche à des racines plus profondes de notre être que ce qui les sépare. Que nous puissions panser les blessures que nous sommes contraints de faire, et qu’il en soit de même en pays ennemi, nous est un gage des jours plus clairs qui luiront. Au milieu de la tourmente qui ruine autour de nous tant de choses que nous tenions dignes d’une éternelle durée, la possibilité d’une telle action cuirasse notre courage et nous donne l’espoir que de nouveaux ponts seront rebâtis, sur lesquels les hommes qui se trouvent maintenant éloignés s’uniront de nouveau, intimement, en un commun effort. »

Je dédie la lecture de ces saintes paroles à mes amis du peuple de France, qui si souvent m’ont écrit ou fait dire leur sympathie pour de telles pensées et leur foi persistante dans l’humanité. Je les dédie à tous ceux de