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NOTRE PROCHAIN, L’ENNEMI

France qui, même en ces jours de guerre, par leur justice d’esprit, par leur bonté de cœur contribuent à faire aimer la patrie, autant qu’elle se fait admirer par ses armes, — à ceux qui lui assurent ce nom que je lisais avec émotion sur une carte postale écrite hier, à son passage à Genève, par un « grand blessé » allemand rapatrié — le nom de gutes Frankreich, « bonne France », ou, comme disaient nos vieux écrivains au cœur tendre : « Douce France. »

R. R

Je profite de l’occasion pour recommander à mes lecteurs français l’œuvre de Mme Arthur Spitzer, à Genève : Le Paquet du prisonnier de guerre. Cette œuvre, qui a des correspondants à Paris, s’est fondée en novembre, « pour apporter un soulagement à la misère de ceux des prisonniers français, belges et anglais, que leurs familles sont dans l’impossibilité de secourir. » Elle engage tous ceux qui veulent envoyer un paquet à un parent ou ami prisonnier, à y joindre, autant que possible, un envoi semblable pour un autre prisonnier, un de leurs compatriotes sans parents, sans amis, sans ressources. Puisse cette belle pensée de solidarité s’élargir encore plus tard, en des temps plus humains, de telle sorte que chacun de ceux qui secourent un des leurs prisonnier veuille, en même temps, secourir un prisonnier ennemi !

R. R.
(Journal de Genève 15 mars 1915).