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NOTES

communion épistolaire, durant cette guerre ; et ces amis se sont si peu trompés sur ma véritable pensée qu’un d’eux, un des principaux écrivains hindous ; Ananda K. Coomaraswamy, m’a dédié une admirable étude parue dans The New Age (24 décembre 1914), et intitulée : Une Politique mondiale pour les Indes. — Mais :

1o — Les troupes d’Asie, recrutées parmi des races professionnelles de la guerre, ne représentent nullement la pensée de l’Asie, comme le déclare lui-même Coomaraswamy.

2o — L’héroïsme des troupes d’Afrique et d’Asie n’est pas en cause. On n’avait pas besoin des hécatombes qui en ont été faites depuis un an pour admirer leur magnifique dévouement.

3o — Quant à la barbarie, je me plais à reconnaître que désormais « les peaux blanches » n’ont plus de reproche à faire aux « peaux noires, rouges ou jaunes. »

4o — Ce n’est pas à celles-ci que mon blâme s’adresse, c’est à celles-là. Avec autant de vigueur qu’il y a quatorze mois, je dénonce aujourd’hui encore la politique à courte vue qui a introduit l’Afrique et l’Asie[1] dans les luttes de l’Europe. L’avenir se chargera de me donner raison.

R. R.
  1. (Il est bien entendu que ces dénominations d’Asie et d’Afrique n’ont pas un caractère géographique, mais ethnologique. La Turquie n’est pas, n’a jamais été européenne ; et c’est une question de savoir jusqu’à quel point le sont certaines des puissances Balkaniques.)