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INTER ARMA CARITAS

Au lieu de combler de dons (qui sans doute ne sont jamais superflus) les armées combattantes, que leurs nations ont le devoir et le pouvoir de secourir, qu’ils en réservent la meilleure part à ceux qui en sont le plus dénués et qui en ont le plus besoin : car ils sont faibles, brisés et isolés.

Mais il est une classe de prisonniers, sur lesquels je voudrais attirer spécialement l’intérêt, car ils sont dans une situation infiniment plus précaire, qu’aucun règlement international ne protège. Ce sont les prisonniers civils. Ils sont une des innovations de cette guerre effrénée, qui semble avoir pris pour tâche de violer tous les droits des gens. Jusque là, il n’avait été question, dans les guerres précédentes, que de quelques otages arrêtés, çà et là, pour garantir l’exécution d’un engagement pris par une ville conquise. Mais jamais on n’avait entendu parler de populations entières razziées, emmenées en captivité, à l’instar des conquêtes antiques, comme l’usage en a été remis en vigueur, depuis le début de cette guerre. Le fait n’étant pas prévu, rien n’a été fait pour régulariser leur situation, dans le droit de la guerre (si l’on ose associer ces deux mots). Et comme il était malaisé d’y procéder, au milieu du combat, il a paru plus simple de