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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/140

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GŒTHE ET BEETHOVEN

il se précipite chez le vieil ami ; et il le trouve, avec « tout Vamour et tous les tourments de la jeunesse, au corps 1. » Il reste vingt jours enfermé avec lui, et il reçoit sa confession. Il sait trouver, le rude compagnon, les viriles paroles qu’il faut dire à l’affligé. Il sait obliger le grand aîné à regarder en face sa douleur, à l’étreindre et à la féconder. Il lui fait voir dans Y Elégie le fruit divin de l’enfantement 1 2. Ils causent aussi de musique. Zelter parle de Haydn, écrivant des Messes joyeuses, et, quand on s’en étonne, répondant :

— « Quand je pense au lieben Gott, je suis si indescriptiblement heureux !... » Et les larmes, les bonnes larmes, coulent de nouveau sur les joues de Gœthe.

Le 13 décembre, Zelter repart, et Goethe reprend son collier de la vie.

On voit combien il était frémissant de tendresse, d’émotion et de mélancolie, le Gœthe de cette année, — comme il était livré au charme de la musique ! Et je n’étais donc pas autorisé à dire, comme je l’ai fait, que la pensée de Beethoven 1. « ... als hcitte er Liebe, die ganze Liebe mit aller Quai der Jugeai im Leibe... » (Zelter à Gœthe, 18 janvier 1824.) 2. « Kein Mittel soll lielfen ; die Pein allein soll Stàrkung uni Mittel sein... » (« Aucun moyen ne peut aider ; le seul moyen doit être la peine ; la peine seule doit être ta force... ») Ibid. Ils ne cessent de lire et relire l’Elégie, soit ensemble, soit seuls. 30 novembre : s Avant midi, avec Zelter... Lu et relu l’Elégie... Le soir, relu encore l’Elégie avec Zelter... » (Journal. — Cf. 11 décembre, 14 décembre, 23 décembre, etc.)