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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/141

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LE SILENCE DE GŒTHE

avait dû, dans la tempête de ces mois, disparaître comme un fétu. L’esprit de Beethoven avait, lui aussi, chanté dans la tempête... D’autant plus extraordinaire est-il que Goethe, sorti de la mort, ne parle jamais de lui. Et voici la mort qui vient chercher maintenant Beethoven.

Aux premières nouvelles du danger, le Ilofkapellmeister de Weimar, l’ami admiré de Gœthe, Hummel, part pour prendre congé du grand compagnon ; et il emmène avec lui, à Vienne, sa femme et son jeune élève, Ferdinand Hiller, à qui Gœthe témoigne une paternelle affection. Ils arrivent encore à temps pour trouver Beethoven en pleine connaissance et heureux de revoir le vieux couple. Ils s’embrassent. Ils causent. Hummel et Hiller font quatre visites (28 février, 13 mars, 20 mars, 23 mars 1827) 1. A chaque fois, ils voient les forces décliner, le soleil qui s’enfonce. A la dernière visite, le pauvre homme ne parle plus ; sa mâchoire est crispée dans la lutte suprême. Madame Hummel se penche et essuie avec son mouchoir la sueur de l’agonisant. L’expression de Beethoven saisit l’enfant Hiller. Quarante ans après, il écrit : — « Jamais je ri oublierai le regard de reconnaissance que levèrent 1. Hiller les a racontées plus tard, dans sen livre : Aus dem Tordcben unsrer Zeit, news Folffe, 1868-71.