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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/148

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GŒTHE ET BEETHOVEN

Alors, Goethe admet, reconnaît, admire (si l’on veut) cette grandeur. — Mais il ne l’aime pas. Tout est là. Et que peut-on lui reprocher ? L’amour ne se commande point. Goethe est toujours sincère, en amour et en art. Ce qu’il aime en musique, nous le verrons plus loin. C’est un assez beau champ. Il est vaste. Il va du lied populaire à la polyphonie chorale du xvie siècle italien, de Palestrina à J. S. Bach, de Don Juan au Barbier ; et les oratorios héroïques de Haendel trônent au centre de son cœur, à côté du Clavecin bien tempéré. Je sais peu de poètes qui en pourraient dire autant ! Mais il est deux choses qu’il n’aime point : C’est le démesuré. Et c’est la mélancolie romantique. Il ne souffre pas ce qui écrase, pas plus que ce qui déprime.

Et il est une troisième chose, toute physiologique, qui conditionne ses jugements : — son oreille ne tolère point le « Trop de bruit ! »... Ce sera une des raisons pour lesquelles il ne sortira plus de chez lui, dans ses dernières années, il n’ira plus au théâtre que très exceptionnellement. La nouvelle musique lui fait mal, physiquement. Il lui faut la transcription atténuée de l’orchestre au piano, pour la lui faire accepter. Et c’est là le vrai sens de cette exclamation que je citais plus haut, après l’exécution au piano du premier morceau de la Symphonie en ut mineur par Mendelssohn :