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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/149

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LE SILENCE DE GŒTHE

— a Und wenn das nun aile die Alenschen zusammen spielen !... »

On le voit fuir, les mains couvrant ses oreilles... Peut-on s’en étonner ? Il était en 1830 celui qui, adolescent, avait entendu jadis, en des temps très anciens, jouer le petit Mozart, âgé de sept ans ! Il venait des lointains de l’âge d’or ; et sa sensibilité organique n’avait pu évoluer aussi vite que son intelligence.

Or, quand les sens n’arrivent plus à percevoir sans souffrance et sans trouble les impressions de l’art, l’intelligence est amenée à juger que cet art écrase et qu’il déprime. Gœthe l’écarte donc de soi. Gœthe écarte Beethoven.

A chaque âge sa mesure ! 1 Ce qui opprime l’un exaltera le suivant. Et il en sera ainsi, jusqu’à la fin des temps.

1. Même quand nous revenons aux œuvres du passé — (et ce se sont jamais les mêmes que chaque âge choisit dans les grands M agasins du passé : hier, Beethoven et Wagner ; aujourd’hui, J. S. Bach et Mozart) — ce n’est point le passé qui ressuscite en nous ; c’est nous-mêmes qui projetons sur le passé notre ombre

— nos désirs, nos problèmes, notre ordre et notre confusion. Le J. S. Bach d’aujourd’hui n’a plus rien de commun avec celui de Goethe et de set contemporains — je ne dis pas avec J. S. Bach vivant ! Qui psu ; jamais espérer d’atteindre au centre d’uu autre être 1