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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/116

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BEETHOVEN

dant comme nul autre, la technique et la pensée de toutes les sonates de Beethoven[1], était un Slave d’origine, d’une pureté d’âme « de jeune fille »[2], ainsi que dit Léopold Sonnleithner : la moindre grossièreté le blessait ; il vivait toujours très retiré, fuyant toute vulgarité ; il menait une vie très dure de travail et d’enseignement[3]. Beethoven lui témoignait une affection et une estime particulières.

Czerny vainquit son besoin maladif d’isolement, et, malgré la fatigue de toutes ses charges, il prit sur lui de donner dans son appartement, tous les dimanches, pendant l’hiver, de 11 heures du matin à 1 heure, des concerts de musique de chambre, où l’on jouait exclusivement du Beethoven. Ces concerts eurent lieu, pendant trois hivers, de 1818 à 1820. Au piano, Czerny, la baronne v. Ertmann, et quelques grands amateurs[4]. Beethoven y assistait fréquemment[5], et sa présence ajoutait au recueillement. Schindler évoque ces assemblées, sur un ton presque religieux :

  1. Dans la quatrième partie de sa grande Klavierschule, il donne des indications précieuses sur l’exécution des œuvres de Beethoven, et sur la façon dont Beethoven exécutait les fugues de J.-S. Bach.
  2. « Sein wahrhajt jungfräuliches Gefühl wurde durch jede Roheit verletzt, und selbst im Scherz vertrug er keine Verletzung des Ausstandes. »
  3. Souvent plus de douze heures par jour. Une lettre de Beethoven (no 778 de l’éd. Kalischer-Frimmel, t. III) s’en inquiète. Il venait d’apprendre que Czerny s’était épuisé à la tâche et, bien que malade lui-même, il se tourmentait pour lui trouver une situation. Il avait pris Czerny pour professeur de son neveu (1816-1818).
  4. Steiner v. Felsburg, qui rédigea en 1824 la noble Adresse des amis viennois, à Beethoven ; — Pfaller, employé d’État impérial.
  5. Il y improvisa même, deux fois.