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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/144

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BEETHOVEN

Sous ce dessin, la tonique en fa est joyeusement affirmée, comme une victoire, mais sans éclat, avec ce mélange caractéristique de p. et de fp., qui maintient, même dans le succès et l’allégresse, une demi-teinte, une pâleur.

Cette atmosphère se prolonge dans le trio suivant[1], qui ne compte pas un seul f., rien que des cresc. qui se résolvent en des dimin., des p. dolce, des pp. sempre pp., sauf au tout dernier accord qui rentre dans la Marche.

Le travail en canon, même exécuté d’une façon stricte, n’est qu’un moyen d’expression pour un sentiment mélodique en forme de lied à trois parties. On peut être sûr que, si Beethoven l’a choisi, ce n’est pas pour un simple amusement de jeu archaïque, c’est que ce jeu s’accorde avec sa pensée à exprimer. À nous de la rechercher ! — Après de petites sonneries, qui sont l’écho amorti de la victoire, l’esprit se promène, comme sans but, sur le terrain conquis, et il paraît ne savoir qu’en faire. Il en prend mesure ; et son assurance un peu monotone fait place très vite à des poussées d’insatisfaction et d’ennui :

[partition à transcrire]

Il y piétine, sans se dégager, et il en vient (70 et suiv.) à un état d’impatience brusque et joviale, non sans rudesses

  1. Ce trio en canon ne semble pas avoir été prévu d’abord par Beethoven. Il avait d’abord écrit, après une esquisse de la Marche : — « Erster Theil in A ohne :||: repet. ».