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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/197

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

sionné. On y sent battre ces pulsations du sang, qui sont proprement beethoveniennes, les passages brusques du crescendo au piano, — l’un, particulièrement émouvant, dans la 4e strophe, où, sur le mot : « Klagen »[1] le p. interrompt brusquement la montée indiscrète de la peine qui se faisait jour sur les deux mots précédents (die dir). De même, dans la 2e strophe, le contraste si vrai et si poignant entre les mots de « paix » et « bonheur » (unserm Frieden, unserm Glück) et les harmonies douloureuses de l’accompagnement qui expriment tout le contraire — la paix et le bonheur perdus.

Pour en arriver à cette expression sobre et parfaite, la gravure a dû passer par huit ou neuf états successifs, qui nous révèlent la peine de Beethoven au travail.

Si, dans la composition de l’adagio de l’op. 106, il n’arrive qu’après l’achèvement à y ajouter, comme deux piliers grandioses et nécessaires, les deux premiers accords du début, — ici, pour le lied I, tout au contraire, ce ne sera qu’à la fin du travail qu’il arrivera à supprimer les deux premières notes qui, dans les premières esquisses, s’obstinaient à introduire, sur un banal mouvement de marche, la mélodie :

  1. « Lieder singen, die dir klagen meine Pein. »