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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/196

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BEETHOVEN

Sehnsucht. « Car devant ces chants s’efface tout ce qui sépare les cœurs »,

« und ein liebend Herz erreichet.
was ein liebend Herz geweiht ».

L’affirmation du début forme les derniers mots du Liederkreis. Et l’on peut croire que, pour Beethoven, elle a été l’essentiel. Il a, pour elle, composé tout le Liederkreis. Le malheureux, privé de bonheur, frustré d’amour, crée l’amour, l’impose au sort, par la magie de son cœur aimant, par le miracle de sa volonté.



Examinons maintenant le travail de composition.

On connaît la beauté calme, simple et large du premier lied en cinq strophes, où la voix semble posée, dès le début, sur une cime, et découvre de vastes horizons. Cinq fois, la mélodie se répète presque intégralement, avec de simples variations d’intensité et de mouvement. L’accompagnement seul se modifie ; sous l’apparente impassibilité de la voix, il trahit les troubles de l’émotion : et ces troubles finissent par gagner aussi la voix, qui chancelle[1], qui se précipite, et finalement qui s’abandonne à un élan pas-

  1. Syncope de la 3e slrophe, sur le mot : « glühend ».