Aller au contenu

Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
BEETHOVEN

IIV. Le Testament (La Neuvième et les derniers quatuors) : 1823-1827.


Un tel dessein réclame, pour être rempli, un travail exclusif de dix années. Les circonstances de ma vie m’obligeant à la partager entre plusieurs devoirs de pensée et d’action, également absorbants, et le nombre d’années dont j’espère disposer étant naturellement réduit, je dois aller au plus pressé. J’ai donc voulu exécuter d’abord les parties de l’œuvre qui me tiennent le plus au cœur : — non que mon choix implique une préférence d’art sur les autres périodes de création Beethovenienne, dont j’ajourne l’étude ; mais j’ai plus à dire de celles que je fais passer avant. Entre toutes les œuvres de Beethoven, celles de l’époque de la grande Crise (1816-1823) me sont peut-être les plus proches ; elles ont été le plus étroitement mêlées à mes jours. Il y a plus de cinquante ans que je vis dans l’intimité de l’op. 106 et de la Missa Solemnis. Depuis le temps où, jeune étudiant à Rome, en 1889-1891, je communiais en elles avec ma vieille amie « l’idéaliste », Malwida von Meysenbug, la confidente de Nietzsche et de Wagner, elles m’ont accompagné, au cours de toute mon existence : je n’ai cessé de les interroger ; elles n’ont cessé de me répondre. J’ai donc un devoir particulier de transmettre à d’autres ce qu’elles m’ont confié.

C’est pourquoi, après le volume déjà paru sur « les années héroïques » (1801-1806), je laisse à un demain hypothétique l’étude de la pleine floraison des années de la maturité (1806-1815). Et, me bornant à embrasser d’une vue pano-