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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/203

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

Cette admirable réussite, d’un caractère si nouveau en son volontaire dénuement, qui est la source de son intensité psychologique, n’a pas été non plus le fruit de la première inspiration. Dans la première esquisse, on n’est point sûr que Beethoven ne conservât pas la tonalité et le point de départ mélodique du premier lied. Dans la seconde, la tonalité en sol est trouvée, mais la ligne est inexpressive ; elle marque seulement — (et c’est d’importance) — l’intention de quasi-immobilité hypnotique. La troisième esquisse parvient à la ligne générale qui sera conservée ; mais il y manque l’ondulation du dessin ; l’écho instrumental est à l’octave, au lieu de rester dans l’atmosphère assourdie. Le « möchte ich sein ! », répété, de la voix dans l’accompagnement, est trouvé ; et c’est sans doute son dessin qui a conduit Beethoven à refaire le début. L’effet de monotonie ensommeillée du « Dort un ruhigen Tal » est aussi atteint ; mais il est rompu, à la dernière mesure, par une cadence où la préoccupation d art prime le sentiment vrai et brise l’endormement dans le rêve évoqué, dont l’écho instrumental dans la version définitive accroît le pouvoir d hypnotisme.


    est noté. « Assai allegro » (c’est-à-dire, « très vite)>), au lieu que le tempo allemand dit : « Ziemlich geschwind » (assez vite). — On pourrait se demander si Beethoven ne se méprenait pas sur le vrai sens du mol italien : « assai ».