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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/228

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BEETHOVEN

il y refait sa substance, avec une étrange délectation…[1]

Et voici ! De ce traitement magique, il ressort convalescent, avec un afflux de forces nouvelles : elles débordent… La grande sonate op. 106… Neuvième Symphonie… Missa

    créer, il s’occupait de travaux théoriques. Les Skizzen aus dem Jahre 1809, analysées par Nottebohm (II, p. 263 et suiv.), montrent entre mai et octobre (surtout pendant le troisième trimestre de l’année) une quantité d’« exemples et exercices théoriques » : — copies de deux canons de Friedemann Bach, d’après le traité de Kirnberger : Kunst des reinen Satzes, avec essai de résolution du premier canon ; — un exemple de « Dissonirenden Vorhälte » ; — des extraits de Albrechtsberger : « Anweisung zur Composition », « Beispiele der verzögerten 6ten Akkorde » ; — d’autres exercices d’écriture harmonique… — Ici apparaît (p. 268-269 de Nottebohm) l’ombre évoquée de J.-S. Bach : — « Denkmal Johan Sebastian Bachs quintett », avec une esquisse…

    Puis quelques paroles entrecoupées, qui disent obscurément la charge accablante des malheurs du temps, et le recours à la musique (p. 274) :

    « Auf… sieht wenn man gar so viel tragen muss wie wir die ganze Zeit hindurch, sich in die Musik einschleicht und zuletzt jeder andere mit tragen muss… »

    Ainsi, déjà en 1809, comme en 1817, l’esprit de Beethoven cherche un appui dans les travaux contrepointiques et harmoniques, et un refuge en J.-S. Bach. — Mais en 1809, la vitalité était encore assez forte pour qu’on trouvât, entremêlées à ces travaux, des esquisses morcelées de compositions musicales (quatuor op. 74, sonate facile op. 79, 2me et 3me morceaux de la sonate op. 81 a, introduction à la fantaisie pour piano, orchestre et chœurs, op. 80, etc.). — En 1817, l’esprit, moins jeune, est moins souple à réagir. La crise, plus grave, risquait d’être mortelle.

  1. En ces mêmes jours, Beethoven écrivait son acte de foi en la Raison reine :

    « Die Schwachheiten der Natur sind durch die Natur selbst gegeben, und die Herrscherin Vernunft soll sie durch ihre Starke zu leiten und zu vermindern suchen. »

    (Les faiblesses de la nature sont données par la nature elle-même,