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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/253

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

aussitôt les droits de l’art nouveau. (Et ce passage de sa lettre est remarquable) :

« Mais la liberté d’aller plus loin est, dans le monde de l’art, comme dans la création tout entière, le but (ou le dessein)[1]. Et si nous, modernes, nous n avons pas encore tout à fait atteint à la solidité de construction des anciens, le raffinement de notre culture a élargi sur maints côtés [notre hozizon]…[2] ».

(Entendez : « Nous avons une sensiblité plus raffinée, nous sommes plus complexes ; et sur beaucoup de lignes de direction, nous allons plus loin et plus profond »).

Cette déclaration, d’une importance exceptionnelle pour l’esthétique de Beethoven, (car il s’explique rarement sur ses conceptions), est suivie d’une phrase obscure et embrouillée, où il demande à l’archiduc de ne pas lui faire le reproche d’étroitesse ou de partialité : (il escompte d’avance son jugement indulgent)…[3] Et cet appel à l’esprit de justice de son impérial élève se termine par cette citation latine inattendue :

« … et iterum venturus judicare vivos — et mortuos… »

Or, soit que cette phrase se rapporte au droit que Beethoven s’arroge de juger les (artistes) vivants et morts,

  1. « Allein Freyheit, weiter gehn isl in der Kunstwelt, wie in der ganzen grossen Schöpjung Zweck… »
  2. « … u. sind wir neueren noch nicht ganz so weit, als unsere altvordern in Festigkeit, so hat die Verfeinerung unserer Sitten auch manches erweitert… »
  3. « … meinem erhabnen Musik-Zögling, selbst nun schon Mitstreiter um die Lorbeeren des Ruhmes, darf Einseitigkeit nicht Vorwurf werden… »