dagio Fils moll (fa dièze mineur) : telle est, nous
l’avons vu, la première indication du morceau, dans
le cahier d’esquisses, — bien avant qu’aucun dessin de
rythmes ou formes soit tracé. La tonalité est la première-née.
Examinons toute l’échelle des tonalités qui commandent les cinq mouvements de la Sonate :
a) Le si bémol majeur est fondamental : il ouvre et domine le premier morceau, avec des incursions tout autour de son empire, qui ne font que l’affirmer plus puissamment ; et il y appose son vigoureux sceau final.
b) Le scherzo reprend le si bémol majeur, en sourdine, avec ondulations en si bémol mineur. Mais à la fin, se manifeste un fléchissement de la volonté et de la tonalité, en si naturel mineur. Le si bémol majeur revient pourtant, pour finir ; mais on a senti les prodromes de l’ébranlement.
c) L’ébranlement s’est produit, dès le seuil de l’Adagio, où la tonalité descend d’un demi-degré, du si bémol final du scherzo au la naturel, qui est la première note de l’Adagio sostenuto[1].
d) Pour le largo, nouvelle descente d’un demi-ton, du fa dièze dernière note, de l’adagio, au fa naturel, initial du mouvement qui suit.
e) Enfin, dans l’allegro risoluto, le si bémol majeur fondamental de la Sonate reprend son empire.
À chaque fois (c-d) qu’il y a descente d’un demi-ton,
- ↑ Première mesure ajoutée, après la composition de tout l’adagio.