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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/308

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BEETHOVEN

est comme la main qui tient et relève l’âme chancelante : « Allons ! Avance ! ». — Elle se reproduit, en modulant, huit fois de suite, et toujours plus pressante, — jusqu’à la Réexposition du thème principal en fa dièze, avec toutes ses reprises, mais traité en variation[1]. L’âme se remet en marche, sur la route de la tragique mélancolie, mais, cette fois, enveloppée d’un frémissement continu, qui en attendrit la virile et morne marche sans arrêt[2]. Ici, le chant qui est à la main droite ne suit pas exactement — (car c’est lui qui suit) : — il se précipite, ou s’attarde, comme une diction entrecoupée.

La route repasse par la même halte, le même arrêt, la même reprise en ré majeur, a tempo (mes. 113 et suiv.). Le rossignolement de la plainte s’y fait encore plus fleuri et plus éperdu. Le dynamisme est accentué. En premier lieu, les neuf mesures qui précèdent la reprise en ré sont sous le signe d’un p. dimin. poco a poco, et d’un grand ritardando, qui, dans l’édition originale, couvre six mesures. Ces notations, qui manquent dans la première exposition du mouvement (avant la mesure 27), ajoutent ici à l’impression de fatigue et d’affaiblissement. De plus, quand recommence le rythme de « pulsations » (mes. 113 et suiv.), les signes d’expression sont tout différents : au lieu de ceux

  1. Vincent d’Indy en rapproche les modifications, du thème de l’adagio, dans la Neuvième Symphonie.
  2. Alfred Cortot souligne le caractère de « pulsations persistantes », qui est à la basse accompagnante. On pourrait étendre ce caractère à tout le morceau.