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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/309

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

que j’ai relevés (en note de la p. 263), et qui demeurent dans l’atmosphère assourdie du p. pp., — nous trouvons ici une succession de più cresc., con grand’espressione, molto espressivo, cresc. poco a poco, più cresc., p. espressivo, cresc. ritard., — donc, à part un seul p. espressivo, caractéristique d’un même passage, il n’y a plus de sourdine à l’émotion, qui va en croissant jusqu’au molto espressivo ; et les octaves, avec les doubles croches entrecoupées, qui se substituent aux croches à contre-temps de la première exposition, ajoutent encore à l’énergie de la phrase mélodique. La douleur s’irrite jusqu’aux sanglots.

Elle retrouve, une seconde fois (mesures 130 et suiv.), la Parole du Maître, dite dans la basse, par la main droite. Mais la tonalité a passé du ré majeur au fa dièze mineur : elle est plus sombre ; et la réponse de l’âme souffrante, pleurante, suppliante, accablée, est d’un accent plus intense et plus frémissant, dans l’abattement, comme dans l’acceptation[1].

Mais ici, l’inattendu se produit. Au lieu de la longue remise en marche et de la remontée, qui suivaient la mesure 69, avec les deux octaves de basse du début, il se fait de nouveau (mes. 155) un arrêt (comme deux fois déjà, mesures 27 et 113, mais plus complet). C’est la grande Voix qui retentit, d’une façon inespérée, en la claire tonalité de sol

  1. Comparez les mesures 59-60 aux mesures 144-145 : — les formes diverses de i’abbattement, — et les mesures 66-68 aux mesures 151-153 : — les expressions diverses de la réaction à la main secourable, qui est offerte.