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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/315

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

son accent de conviction irrésistible. Ce ne serait rien de bien construire une sonate, si, sous ses lignes solidement arrêtées, le flux de la vie intérieure, la plus profonde et la plus libre, ne réussissait à couler. La solution de quelques problèmes de bâtisse ne serait qu’un jeu d’esthètes, si l’architecture n’était l’étoffe charnelle qui recouvre, en s’y appliquant exactement, une âme vivante, dont les problèmes sont un jeu bien autrement passionnant.

Actus Tragicus… C’est ce jeu tragique, que je me suis efforcé de représenter.



Le Largo, qui suit, est du plus profond intérêt, aussi bien musical que psychologique.

Il débute par une inflexion de la tonalité, du fa dièze au fa naturel. C’est une détente de la longue méditation, qu indique aussi le relâchement du tissu harmonique : arpèges d’octaves, accords en doubles-croches, entrecoupés, à contre-temps, qui flottent et cherchent leur chemin.

On remarquera aussi que le largo rétablit le lien avec le début de la sonate. C’est la phrase de l’élan initial :