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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/318

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BEETHOVEN


Nous voici donc au seuil de la grande fugue, qui va couronner l’édifice. Nous avons vu que Beethoven était loin d’y songer, au début, puisqu’il concevait, pour terminer, un menuet allegro, ou un rondo moderato ![1]. Est-il possible d’avoir méconnu davantage la loi puissante de construction, qui travaillait en lui, et à laquelle finalement il s’est soumis ?…

Mais nous, qui nous trouvons devant l’œuvre accomplie, demandons-nous comment cette loi s’est imposée ! Comment Beethoven a-t-il été pris par la Fugue, et qu’est-ce que la Fugue signifie pour lui ?

Qu’il ait étudié la fugue, dans sa jeunesse, c’est naturel ; et il se vante d’en avoir écrit des douzaines ; mais il n’y attache pas d’importance : car c’était pour lui — (en ce temps-là) — un exercice d’école, et non un art[2]. Nagel fait remarquer, d’ailleurs, que Beethoven ne paraît pas avoir travaillé la fugue, avec beaucoup d’enthousiasme, chez Albrechtsberger, et qu’il n’a réellement pratiqué, à l’école, que la fugue à deux voix. — Il n’en use pas moins de l’écriture fuguée, dès ses premières œuvres, et avec une

  1. « Men. all. — auch könnte am Ende Rondo moderato u. als Episode Fuge in B moll. » —— La fugue est donc aussi prevue, mais eu épisode, qui semble mal s’accommoder du menuet et du rondo. Il y avait certainement, dans ces premières notes de 1817, un conflit obscur entre divers ordres de pensée, mal dégagés. C’est dans l’été 1818 que 1 esprit, revigoré, a vu clair.
  2. Propos tenus à Karl Holz.