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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/337

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

sonate-fugue est justifiée, « qu’on se mette simplement en face de la réalité, de la formidable existence positive de ce chef-d’œuvre unique (der ungeheuren Positivität dieses Prachtexemplares… !) Cette puissante musique, d’un élan qui a à peine son égal » manie une langue, dont l’énergie et l’impétuosité s’allient avec une magnifique sonorité. — Nous reviendrons sur ce dernier point. Ce n’est pas le moindre mérite de August Halm, d’avoir vigoureusement réagi contre un lieu-commun, plus paresseux encore que malveillant, de la critique musicale, qui attribue à la surdité de Beethoven vieilli un prétendu manque d’égards pour la beauté d’effet harmonique et un « coloris abstrait » (abstrakten Klang). II n’a pas de peine à démontrer que Beethoven a toujours eu le sens extrêmement éveillé pour les sonorités harmoniques, et que c’est justement dans ses dernières œuvres qu’il a donné à la musique, non seulement ses plus hautes révélations, mais ses plus parfaites réalisations instrumentales, pour l’oreille comme pour l’esprit, — à condition, bien entendu, que ses interprètes sachent les exécuter (ce qui n’est pas toujours le cas !) Quand il lui arrive d’user de certaines duretés (notamment d’écrasements de secondes diatoniques), c’est qu’il a besoin de ces dissonances pour l’expression de sa pensée, et qu’il ne craint point de se servir de l’expression la plus rude, quand elle est ainsi la plus directe et la plus franche ; peut-être trouve-t-il même une satisfaction courroucée à heurter les délicatesses de l’ouïe à la mode italianisée de son temps. Mais c’est toujours à bon escient. Il fait ce qu’il veut. Il sait ce qu’il fait. — Le plus vrai reproche qu’on puisse lui adrcs-