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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/380

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BEETHOVEN

3GS

B E E T II U V E X

débordait l’église, par son esprit et par ses dimensions X Beethoven a dit qu’ « elle pouvait aussi être employée comme oratorio ». Et c’est sous le titre d’ « Hymnes », qu’il l’a fait exécuter1 2, dans un théâtre, le 7 mai 1824. En réalité, il ne pouvait écrire — il n’a jamais écrit (même ses œuvres les plus intimes, même ses lieder, même ses quatuors) — que pour tous les hommes. Il était toujours, quoi qu’il fit, l’homme qui est un peuple. II porte en lui, invisible et présente, l’universelle « Gemeinde » (communauté). De tous les « Hymnes », qui constituent la Missci Solemnis, le plus parfait est le premier, le Kyrie. Il est aussi le plus spontané.

Nous ne pouvons en suivre la genèse ; on n’en a retrouvé aucune esquisse — si l’on ne compte celle dont j’ai parlé dans le chapitre du Réveil, et qui se rapporte à Y Eleison 3. Il serait beau de penser que toute la Messe serait sortie de cet appel à la Pitié :

1. Elle a pourtant été exécutée, quelquefois, à l’église ; et dernièrement, nous dit-on, l’église l’a officiellement acceptée. — En ce qui me concerne, je partage le sentiment de W. Riezler, qui répugne à l’entendre dans une salle de concerts. (Riezler trouve même que la Messe de J.-S. Bach s’adapte mieux à l’exécution dans un concert que la Messe de Beethoven). La Missa Solemnis est, en effet, dans toute sa magnificence, une Confession trop intime pour s’offrir aux applaudissements d’un public de dilettantes. Ce qui conviendrait le mieux, ce serait le cadre d’une église, mais en dehors de l’office. 2. Partiellement : — le Kyrie, le Credo et l’Agnus. 3. Cf. chap. VI, p. 204.