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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/379

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

D’une part, en ces années de résurrection 1818-1820, où les sources de vie ressortent de terre et affluent torrentielles, un immense élan religieux d’amour et de gratitude porte Reethoven vers la Force inconnue, le Tout-Puissant qui a répondu à l’appel du désespéré. De l’autre, le maîtreartiste accepte la charge impériale de consacrer le couronnement du cardinal-prince, deux fois prince, qui est son protecteur, et son élève, et, du même coup, d’élever un monument solennel de l’art nouveau.

Ces exigences monumentales ne devaient point coûter au génie Beethovenien, naturellement porté aux grandes constructions. Mais le plus essentiel était, en ces jours de Beethoven, les comptes intimes qu’il avait à rendre à son Dieu, cette confession, ce flot fougueux de reconnaissance, cette dette brûlante du cœur à payer. Ce sont ces accents de grande Imploration et Déploration personnelle, qui font palpiter, de la base à la voûte, la cathédrale sonore. Le constructeur de la Missa Solemnis pour l’intronisation du prince-archevêque d’Olmütz, célèbre la Messe propre de Beethoven. Dans la mesure où Beethoven représente une époque de l’humanité d’Occident, une des grandes heures de l’homme, cette Messe est nôtre. Elle est notre puissant Appel aux forces intérieures, nos Hymnes de foi, d’orgueil et d’humilité exaltés, notre chant d’aspiration à la paix et à la joie, dans la douleur et le combat. C’est tout un âge de l’histoire. Nous n’avons pas fini de le vivre encore.

Si, au début, Beethoven a sincèrement voulu l’écrire pour l’église, il a dû renoncer vite à cette illusion. L’oeuvre