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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/384

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BEETHOVEN

mais pp., Meeresstille. Dans l’une, c’est le plein silence ; clans l’autre, le plein éclat de l’immensité. La puissante lumière immobile. L’orgue se joint à tout l’orchestre. Le vide se fait autour, instantanément. Et déjà, du fond du silence, se lève p., sans force, entrecoupé, le motif de Y eleison :


Dans les quinze mesures d’orchestre qui lui succèdent, l’invocation de l’âme s’essaie sans mots, ébauche, annonce le grand appel des voix, qui va suivre. Elle prend souffle ; la plainte douce des flûtes et des hautbois monte, soutenue par l’effort rythmé des cordes, comme la marche d’un travailleur qui peine. Mais arrivé au sf., la phrase aussitôt retombe avec humilité, — « abnehmend », comme dit Beethoven — prosternée.

De ce silence de foule qui attend et prie, de nouveau s’élève le grand accord monumental du commencement, — mais cette fois avec toutes les forces des voix chorales, qui clament son sens : « Kyrie ! »… Trois fois se renouvelle le tout-puissant appel, à chaque fois montant, à la quarte, puis à la quinte, — à chaque fois aussi, croissant d’intensité,

— mais à chaque fois « abnehmend », — s’inclinant du ff.

1. Dans la plus ancienne mention authentique qui soit faite du Kyrie, et de la main de Beethoven, dans les Cahiers de Conversations, à la date de mars 1819. (W. Noiil : op. cit., p. 101) : — « Preludium des Kyrie vom Organisten stark u. abnehmend bis vor dem Kyrie piano… »