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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/386

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BEETHOVEN

BEE T H0 V E N

On s’est quelquefois ingénié à comparer la Missa Solemnis à la Hohe Messe de J.-S. Bach 1. Je ne le ferai point : ce sont deux mondes différents ; entre eux, il n’est pas de commune mesure ; et de pareilles confrontations ne mènent, le plus souvent, qu’à d’inutiles polémiques sur la prééminence, entre deux âges de l’humaiiité. Mais une comparaison qui s’impose, c’est entre la seconde Messe de Beethoven et la première. Elle nous aidera à comprendre la pensée de Beethoven, en nous montrant dans quel sens elle a évolué. Le Kyrie de la Messe en ut majeur est sans rides, comme le front d’un enfant. Il se déroule dans la confiance. Au contraire de la Messe en ré, les premières notes sont dites tout bas, et par les voix. La basse débute, sans l’orchestre, sur Y ut grave, répété, piano. K eleison ne s’y détache point du Kyrie, comme deux mondes : le 1 out-Puissant et sa créature prosternée ; il fait partie du même dessin, qui n’exprime ni douleur, ni trouble ; ce n’est point la pitié qu’il implore : c’est l’amour qu’offre et demande ce pur visage au calme sourire enfantin. Nulle inquiétude. II se repose dans la tendresse qu’il a pour Christ ; et si cette tendresse s’exalte, redouble, insiste, à certains moments, ce n est pas le pardon qu’elle cherche, c’est, la tendresse en retour, plus de tendresse, toujours plus... Comme il a commencé, il se termine, dans le murmure heureux d’un doux bercement. Et ce qui achève de préciser son sens, c’est que son motif est repris intégralement, en conclusion de la Messe, et sous 1. Cf. Walthcr Kruq : « Beelhovens Vollendung eine Streitschrijt », Allg. Yerlagsanstalt München, 1925.