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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/394

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BEETHOVEN

Aucun morceau de la Messe ne décèle aussi nettement que le Gloria, l’influence et — l’on pourrait dire — la présence de Hændel 1. Aucun non plus ne couve plus c-hau- 1. Dans le deuxième des trois Cahiers d’esquisses de 1819-1822, entre les esquisses de 1 ’Agnus et du pacem, Beethoven a noté la lin d’un récitatif du Messie : « Und aile, die ilin sehn, sprechen ihm Hohn... », e(c. — et le début du chœur suivant : « Er trauete Gott, der helje ihm min aus... »

Il est donc certain qu’il avait le Messie sous les yeux, en écrivant la Missa Solemnis, — tout comme Mozart, écrivant la grande Messe en ut mineur. Et Mozart s’en est même inspiré, de plus près, puisqu’il a, dans son Gloria,, pour Vin excelsis, reproduit textuellement le plus célèbre passage de VHaUeluja. Mais il y a lieu de penser que Mozart avait lu d’autres partitions de Hændel : car son magnifique Qui tollis évoque aussi un chœur d’Israël. Les connaissances Ilændeliennes de Beethoven devaient être plus limitées, à l’époque de la Messe. Dans son entretien de 1824 avec Johann Andréas Stumpfï, il avait fait, avec une sincérité théâtrale, acte de vénération devant Hændel : — « Hændel, avait-il dit, est le plus grand compositeur qui ait jamais existé ; devant lui, je m’agenouille » ; — et d’un genou il toucha le sol. Sur quoi, Stumpfï lui demandant : — « Pour élever si haut et par-dessus tout l’art inégalable de Hændel, il faut que vous possédiez certainement ses partitions. » — Beethoven répond : — « Moi ? Moi, pauvre diable ! et comment pourrais-je les posséder P Oui, les partitions de son « Messie » et de sa « Fête d’Alexandre » m’ont passé par les mains » (... sind nur clurch die Hànde gegangen). — Ce fut à la suite de ce regret exprimé que Stumpfï, de retour à Londres, lui fit envoyer, en février 1827, la grande édition des Œuvres complètes de Hændel : dernière joie de Beethoven, mourant.

Mais si peu qu’il possédât, en ces années 1819-1824, des œuvres de Hændel, il était hanté par l’ombre du grand précurseur. On le voit, en mars 1820, copiant le récit de sa cérémonie funèbre, où l’on avait exécuté la Marche funèbre de Saül et celle de la Trauer-Cantate. Et il rêvait d’y apporter son tribut. Il écrivait :

— « Des variations sur la Trauer-Marsch de Haendcl, pour grand