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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/393

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

héroïques. Et qui lui fait un grief de celle-là pourrait du moins être sensible à ceux-ci L O-n ne chicane point Michel-Ange sur ses violences faites à la nature. Elles enrichissent l’art et l’esprit.

De ces combats livrés par Beethoven à la matière de la Messe, le Gloria est le premier, et l’on peut dire qu’il est une victoire. Beethoven s’v avère un puissant forgeron qui, comme dans ses symphonies, tord sur l’enclume des motifs courts, très dessinés, de métal pur, qui se ploieront aux sautes brusques de l’émotion, et maintiendront, en dépit de tout, l’unité de l’ensemble à travers la succession des épisodes.

Le motif principal, premier et dernier du Gloria, qui sera l’axe et l’ogive de tout le morceau, est telle une sonnerie de trompette, qu’emboucherait Hændel : 1. Surtout quand on se montre aussi indulgent que c’est la mode d’à présent, pour le décousu, le composite, le manque d’unité, souvent criant, d’un Mozart, même dans son œuvre religieuse la plus intime et la plus haute.

J’ajoute que si le texte de la Messe offre à Beethoven des obstacles à l’unité symphonique, que parfois son génie ne réussit pas à surmonter sans violence, — en la plupart des cas, la difficulté même a été l’occasion d’une victoire éclatante, où se manifeste un art des transitions incomparable.