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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/486

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BEETHOVEN

suiv.) que le trouble de l’âme paraîtra s’épurer : dans des tonalités claires (ut majeur), la fantaisie en son envol, tenu en laisse par la volonté, affirme la victoire de celle-ci, par l’unique fortissimo de tout le morceau (mesure 62’. De cette conquête, elle retourne à la tonalité du mi majeur, où se développe la belle coda apaisée. (Mesures 65 jusqu’à la fin). Celle-ci consiste en une succession de demandes et de réponses, de quatre en quatre mesures (65-69 ; 69 à 73) : la troisième demande (qui commence à la deuxième moitié de 73) s’arrête avant d achever. La réponse qui lui est donnée, après une pause, est un admirable motif de méditation calme et sereine, dont les poétiques harmonies se retrouveront dans le Songe d’une Nuit d’été du jeune Mendelssohn ; ce motif couvait déjà dans les dessins, notés plus haut, de la Durchführung. De ce tendre chant se dégage une nostalgie, dont l’influence persiste dans le flot final de la rêverie, qui croît et décroît, semble près de disparaître, se ravive et remonte inquiète, — et brusquement, s’éteint, après une pause, sur un soupir...

Mais ce n est pas la paix de l’âme, où elle atteint. Dans les esquisses, Beethoven marque, à la fin :

— « Attacca il prestissimo. »

Puis, supprimant cette indication, il en précise le sens, en effaçant, dans son manuscrit autographe, toute barre de mesure entre le dernier accord du premier morceau et le second, qu’il fait précéder, non pas seulement d’un dièze, mais de trois bécarres :