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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/492

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BEETHOVEN

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Beethoven, quand il écrit cet andante 1. Elle est toujours aussi jeune et aussi tendre, mais elle s’exhale mezza voce : c’est pour lui-même que Beethoven a chanté sa mélancolie ; il n’en livre pas la confidence ; et les Variations nous montreront comment il en tisse à présent l’amour, la gaieté, l’humour, l’énergie, la religieuse contemplation, l’harmonie. One observation préliminaire, que nous devons à Schenker :

Dans le manuscrit autographe, Beethoven ne donne le nom de Variations qu’aux quatre premières, qu’il numérote. — De plus, il associe en un seul groupe les variations II à IV, entre lesquelles il met une simple barre de mesure. Et les deux dernières (V et VI), qu’il évite de nommer Variations, forment aussi un groupe unique, très strictement relié. — Il est regrettable qu’aucune édition ne suive ces indications. A tout le moins, on devrait en faire mention. C’est fausser la pensée de Beethoven, qu’en modifier la ponctuation et le groupement des périodes.

La première Variation est l’expression la plus pathétique du thème. Il semble que l’émotion latente, qui dormait encore dans ce dernier, ait pris conscience d’elle-même : elle s’épanche en un jet mélodique, qui, à la fin, se brise et retombe par hoquets entrecoupés, dans le style des der¬ 1. W. Nagel, qui n’a pas reconnu la parenté de la mélodie avec celle du Liederkreis, en a pourtant ressenti instinctivement l’identité d’atmosphère. Dans son analyse de la sonate op. 109, il qualifie i’iirupression produite par Y andante de « Milder abendlicher Sonnenglanz » (Doux éclat du soleil du soir). — Preuve frappante de l’exactitude de la langue musicale de Beethoven !