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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/494

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BEETHOVEN

arrache seulement à la fin, au dernier son, par une brusque note piquée, qui rompt le charme.

Ici commence le dernier groupe (numéroté dans les éditions, non par Beethoven, V et VI). — U allegro ma non troppo brise net avec le mouvement précédent et avec le sentiment qui l’anime. La volonté s’y affirme ; et elle prouve sa suprématie, en maîtrisant sans égards le thème d’amour, et le pliant aux exigences d’une construction contrepointique. — Régulièrement, et d’après le dessin même du morceau, cette architecture de l’âme domptée devrait porter, à son faîte, un ff. Il n’en est rien. Après avoir maintenu, dans les quatre cinquièmes du morceau, un sempre /., sans fléchissement, il prend et garde, dans les huit dernières mesures, un p. sempre piano, qui ne s’expliquerait pas par les raisons internes au morceau. — si celui-ci ne participait, dans la pensée de Beethoven, à un vaste ensemble, dont le cantabile qui suit (la soi-disant Variation VI) forme le corps de bâtiment principal, et aux lois duquel il doit se soumettre. Cette grande Variation VI (tempo primo del tema) est, en fait, un vaste finale, où les deux périodes du thème, avec leurs répétitions, forment un même tout, en constante progression. Progression de valeurs et de nuances dynamiques. Le thème, parti du p., s’élève, par un long cresc., au /., tandis qu’exposé en noires, il passe en croches, puis en doubles croches, en triples croches, enfin en trilles et triolets. Sa religieuse majesté du début s’anime peu à peu, bouillonne, et, sortie des profondeurs, fermente et crépite, pour s’écrouler ( au /.) en un ruissellement qui rejaillit, monte et descend, sur une pédale de si profond en trille.