Aller au contenu

Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/503

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
487
LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

ne prévoyait pas Yarioso dolente, qui allait suivre. Il est probable que son souffle est venu, depuis, effleurer la composition définitive.

Dans les deux textes, à la neuvième mesure, la voix monte à l’octave ; et à la douzième, elle provoque l’envol d’un essaim de doux arpèges en triples croches, qui bourdonnent p. leggiermente. L’impression de souvenir et de rêve ne semble pas douteuse. Elle est, presque toujours, chez Beethoven, attachée à cette évasion de la mélodie dans les registres élevés — dans les lointains ; — et quand celle-ci s’accompagne de ce bourdonnement d’arpèges, on peut être sûr que le poète (on eût dit, en son temps) « prend son luth », et qu’il se laisse bercer dans son rêve L Beethoven rêve beaucoup, en ces années ; et, comme il est naturel à son âge, son rêve vogue vers le passé...

Insouciant d’abord, à la sixième mesure d’arpèges, il commence à se troubler ; et l’inquiétude qui s’accentue conduit au second groupe de pensées, où dominent l’incertitude et les mouvements contradictoires. Les phases successives en sont faciles à distinguer. Il se fait, entre les parties, un tiraillement ; la voix du haut, d’un pas boiteux, tâche à s’affranchir de l’étreinte de l’autre voix, qui s’attache à elle opiniâtrement ; et cette lutte, qui se livrera jusqu’au bout sans bruit, comme en secret, p. molto legato, avec de 11. On remarquera toutefois, que la lre et la 5me notes de chacun de ces groupes de triples croches sont accentuées d’un [’) staccato, qui nous témoigne que la volonté n’abandonne pas les rênes du rêve.