Il s’y ajoute le puissant effet, le bond en arrière de septième initial 1, et le saut d’octave qui suit, -— nous jetant, dès le début, dans une atmosphère de tempête, qui évoque déjà les éclairs de la Neuvième Symphonie.
Par ce seul élan, par ce seul accord, la masse entière de la sonate est mise en mouvement, et le climat est enfin créé, où le grand motif, couvé depuis vingt ans, trouve 1. Schenker, que sa recherche incessante de l’a Urlinie », de la logique interne de la création et de ses lignes générales, absorbe souvent au point de lui faire négliger ou sous-estimer les moments accidentels ou d’exception, les coups de foudre de la passion, n’attache pas à ce bond de septième l’importance dramatique qui lui revient
— sous prétexte qu’il n’a pas de rôle thématique, par la suite (a). — C’est rester trop insensible au drame qui se joue. Beethoven n’ignorait pas la puissance de l’effet musical, qu’il employait, pour ouvrir sa grande sonate. La septième diminuée était, pour lui, comme pour l’époque, le plus fort moyen d’expression pathétique. On conte qu’il dit, un jour, au jeune musicien Karl Hirsch :
— « Lieber Junge, die überraschenden Wirkungen, welche viele nur dem Naturgenie der Komponisten zuschreiben, erzielt man oft geriug ganz leicht durch richtige Anwcndung und Auflôsung der verminderten Septimenakkorde. »
(Mon cher garçon, les effets saisissants, que beaucoup attribuent seulement au génie naturel des compositeurs, sont obtenus souvent très simplement par le juste emploi et la résolution de l’accord de 7e diminuée.) (a) Ce qui n’est, d’ailleurs, point tout à fait exact, — car la 7me diminuée joue un rôle essentiel, à l’instant décisif où le grand motif, plusieurs fois arrêté dans son bond, brise l’obstacle et déborde en un flot torrentueux. Fait caractéristique : la 7me diminuée descendante de la lro mesure et de la 3me, devient alors ascendante. Toute l’énergie de la volonté y est tendue vers l’action : I
